Sur la photo, elle porte un pull en lurex qui dégouline sur une épaule menue et un pantalon en cuir moulant. Lui s’est glissé dans un jean skinny et arbore un bracelet de force au poignet droit. On pourrait les croire tout droit sortis de la dernière campagne The Kooples. Sauf qu’Alice Sara Ott et Francesco Tristano sont pianistes. Et que la photo en question illustre la pochette de leur dernier album, paru chez la très sérieuse maison Deutsche Grammophon, avec Ravel ou Stravinsky au programme. Aujourd’hui, « certaines pochettes de disques n’ont rien à envier aux couvertures de magazines féminins », constate Nicolas d’Estienne d’Orves, écrivain et critique musical pour Le Figaro et Classica. Sourires Ultra Brite, silhouettes sculpturales, sexyness à en faire perdre le rythme à un métronome. Versons une larme sur les violonistes replets en cols roulés et rouflaquettes ornant les pochettes de la discothèque familiale…
Dire que tout ça, c’est grâce à la crise ! Marqué par une érosion des ventes – comme toute l’industrie musicale –, le secteur classique a dû réagir et « booster » les images de ses artistes. « On sort des Ken et des Barbie qui connaissent leurs notes », résume Nicolas d’Estienne d’Orves. Résultat : le ténébreux Jonas Kaufmann, ténor de son état, vous fait de l’œil (et de la bouche, qu’il a délicieusement charnue), la soprano Anna Netrebko passe pour la sœur cachée de Salma Hayek, quand le pianiste David Fray joue de la mèche en même temps que du Bach. « Il y a quelque chose de très instinctif avec la beauté, estime un agent artistique préférant garder l’anonymat. Elle est souvent associée à la notion de plaisir. »
Musique classique : de la scène et du look
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